Constance

Constance observa le comportement provocateur de la jeune fille.
"Et tu crois que tes pimbêches vont être contentes ? Bien sûr qu'elles vont l'être. Incapable de nouer de vraies relations, tu préfères user de tes.. avantages pour créer quelque chose ? Soit."

Constance sortit un simple billet pour payer son achat. Peu encline à l'idée de poursuivre cette conversation, elle se dépêcha de quitter la boutique..

Effectivement, elle n'avait pas besoin de finir sur le dos. Constance non plus. La Balphom garda son calme, préférant éviter de tomber dans le jeu de la jeune Roguerr. Avec son sac fraîchement acheté, elle marcha dans la galerie marchande, évitant le regard des clients, elle ne pouvait de toute façon pas créer une dispute devant tout le monde, cela pourrait dégénérer trop rapidement. Non, il fallait qu'elle soit plus subtile. Elle l'aurait à l'usure. Cette idiote pousserait très certainement les limites, et Constance pourrait alors l'avoir..
Elle se dirigea vers la sortie du centre commercial avec dans l'idée de s'éloigner de Mélissa, et de retourner chez elle.

La jeune fille ne fut apparemment pas suivie par sa rivale et se retrouva bientôt près des arrêts de bus. En effet, du fait de sa superficie et du besoin pour un parking de grande taille, le centre commercial n’avait pas été construit sur l’un des axes principaux de la ville. Il était juste à la périphérie du centre-ville, lequel recelait en son sein une cité médiéval qui rappelait les origines lointaines de ce lieu. L’autre élément moyenâgeux en présence, c’était le comportement de certaines personnes, des humains apparemment, qui, disposaient sur le banc de l’arrêt de bus se mirent à siffler et à interpeller la jeune Constance qui sortait avec son sac plastique.

Constance continua vers l'arrêt de bus, elle se glissa loin des garçons qui venaient de la siffler en ignorant. Ses parents lui avaient toujours dit de ne pas se laisser emporter dans ces jeux provocateurs. Jeune femme correcte, elle s'installa contre la vitre de l'arrêt, cherchant du regard l'horaire du prochain bus.
La Balphom garda cependant à l’œil ces hommes qui avaient pour goût de chercher l'ennui dès que possible, ils seraient capables de venir se coller à elle et personne ne ferait rien.. L'inaction avant tout bien attendu. C'était aussi cela qui l'ennuyait dans la population actuelle. Laisser les gens dans leur ennui, ne jamais s'inquiéter du sort des autres.. Ô grand jamais..

Le bus arriverait dans une dizaine de minutes, elle avait dû louper le précédent de peu. Ça signifiait sans doute que les énergumènes qui continuaient de chercher son attention – sans pour autant oser l’approcher – n’étaient pas là pour attendre un quelconque transport public.

Bien entendu, lorsque les choses vont mal, elles peuvent aller pire. Et pour honorer cette règle, Mélissa arriva bientôt avec sa suite de pies. Elles allaient, bien entendu, se diriger vers le parking – pas question qu’une Roguer ne s’asseye dans un siège d’autocar – mais malheureusement elles remarquèrent Constance ainsi que la situation dans laquelle elle se trouvait. La manipulatrice mentale commença alors à s’approcher. Ses sbires tentèrent de l’en dissuader. Elle les rassura d’un signe de la main. Puis bientôt arriva, seule, à l’arrêt de bus.

La démone jeta un petit coup d’œil silencieux à son ennemie avant de se tourner vers les trois mâles qui se trouvaient là. Bien que ne disposant pas de pouvoirs psychiques, Constance n’eût aucun mal à remarquer le changement d’attention dans les yeux de ses proies. "Vous savez, commença Mélissa, elle ne l’avouera jamais, mais elle a envie de vous… De vous trois… Maintenant." Le visage de la Roguer perdit soudain la concentration dont il s’était paré un peu plus tôt et elle fit un petit signe de la main à sa rivale comme pour lui dire "adieu" avant de quitter les lieux d’un pas enjoué.

Le trio, quant à lui, venait de tourner ses regards vers la jeune Balphom.

** Quelle SALOPE ! **
Constance jura intérieurement. Le regard des trois hommes ne lui disait rien qui vaille, absolument rien. Avec inquiétude, la Balphom se dégagea de l'arrêt de bus. Il fallait qu'elle rejoigne un endroit plus visité. Faire un retour au centre commercial et rapidement. D'un pas hâtif, elle alla jusque dans le centre, zigzaguant entre les voitures stationnées sur le parking.
Ou alors.. Une lumière peut-être.. Ici il n'y avait rien d'autre que le soleil.

Constance jeta un œil derrière elle. Elle hésitait à envoyer un message à son père.. Il pourrait toujours venir la chercher, mais il serait énervé qu'elle ne prenne pas le bus comme prévu. La jeune femme lui envoya tout de même un rapide texto. "Tu peux venir me chercher au centre commercial ? Le bus n'est pas passé depuis vingt minutes.."

La jeune femme réfléchissait à toute allure. D'un coup d'oeil vers le jeune homme qui se trouvait devant elle, elle pesta et se mit à courir vers la voiture de Mélissa.. Si elle pouvait attirer son attention et l'éblouir.. Oui elle devait y arriver.
Elle se concentra déjà sur ses mains, accumulant l'énergie nécessaire à l'utilisation de deux de ses capacités.. Elle les avait déjà utilisées, mais là elle devrait agir vite.
Constance courut donc vers la voiture de la jeune femme qui devait rouler au pas dans le parking.. Et elle chercha sona ttention, son regard, ne serait-ce qu'une once..

Énervée, Constance courut donc vers la voiture et commença à crier. Crier pour attirer l'attention pour que cela rebute les trois brutes de la toucher. Mais elle avait surtout en tête de faire retirer son sort à Mélissa.
Si jamais elle tentait de repartir, Constance n'aurait d'autre choix que de recommencer. Mais pour le moment, elle continuait d'avancer vers sa rivale.. Elle la héla même, peut-être qu'elle comprendrait. Mais la pitié n'était pas le fort des Roguerr, la Balphom le savait bien.

Ses yeux pleuraient à cause de la douleur, mais elle tenta de rejoindre les jeunes.. En rampant.
La douleur pouvait se lire sans problèmes sur son visage. Le coup de poing du garçon l'avait presque mise K.O..
Mais elle tenta de ramper aussi vite qu'elle le pouvait, ils devaient réagir !
La jeune femme espérait qu'ils avaient un minimum de conscience..

Constance resta à terre quelques secondes. Elle observa les jeunes gens défendre son cas, faire preuve de courage et finalement, tout ceci amena à la fuite des trois brutes. Un long soupir quitta les lèvres de la Balphom, soulagée. Elle se laissa aller, ne se retenant plus.
Les six adolescents vinrent près d'elle et la questionnèrent avec attention. Ils avaient un air de.. D'osmose. Mais elle ne pouvait pas jurer là dessus. Les Neeroo étaient certainement les plus discrets de tous, et elle ne souhaitait pas faire d'erreur. Elle sourit et répondit lentement.

"Ils m'a explosé le ventre et.. Mon épaule me fait super mal. Nan n'appelez pas.. Mon père viendra me chercher je pense.."
La question qui l'acheva fut 'Ils ne t'ont pas fait trop mal ?' Est-ce qu'elle avait l'air en bon état ? Avachie par terre en train de pleurer à cause de la douleur..

Mais elle leur sourit difficilement avant de dire :
"Merci d'être intervenus. Si vous aviez pas été là.. Je serais en train de me faire violer entre ces voitures.."

Constance eut un léger sourire pour eux. Ils étaient gentils et inspiraient la confiance. C'est donc tout naturellement qu'elle se laisse aller avec eux, prenant les frites avec délicatesse. Ces ados étaient vraiment sympatiques, et cela restait pour le moment dans l'optique de ses idées, ils étaient possiblement des Neeroo.. Mais comment le savoir ?

La jeune femme s'assit au fastfood, et tandis qu'elle mangeait, elle lança.
"Moi c'est Constance. Je crois vous avoir déjà vus au lycée tous ensemble. Vous vous quittez jamais ?"
Ils étaient du lycée, elle s'en souvenait, mais c'était une façon comme une autre de lancer la discussion.

Constance se sentit bête.. Elle n'était pas stupide, mais elle avait pensé que.. Elle avait mal pensé. La jeune femme souriait face à tant d'engouement de la part des jeunes gens. Ils lui parlaient normalement, sans aucune prise de tête.
"Ah.. Bah c'est normal hein" dit-elle avec un clin d'oeil.
Constance passa une main dans ses cheveux tressés et se contenta de manger les frites. Les jeunes avaient l'air de préférer s'amuser plus qu'autre chose. La jeune brune les fixa les uns après les autres, observant leurs particularités à chacun.

"Et vous vous connaissez d'où ? Du lycée ? Vous avez l'air sacrément proches mine de rien."
Elle avait lancé ça parce que ça lui trottait dans l'esprit et qu'il était simple de parler des autres.

Gaël devait avoir le même âge que Béatrice, soit seize ans environ, il avait les cheveux châtains, tout comme elle et les yeux bleus tandis qu’elle les avait marrons. Ils étaient assis l’un à côté de l’autre, d’où la ressemblance sans doute, et partageait par moment un regard. Marc quant à lui, était le plus vieux, dans la vingtaine et se trouvait juste derrière Aude, Henri et Léa, cette dernière étant au milieu des trois, une main sur l’épaule de chacun. Tout ce petit monde avait en effet l’air des plus proches, et cordial avec ça ! En effet, on fit bientôt glisser en direction de Constance quelques restes de hamburger et un fond de glace. Ça n’était pas un don dû à la pitié mais bien à un sens du partage.

"On se connait depuis tout petit," indiqua Béatrice qui était de toute évidence celle qui parlait le plus.

Constance sourit et hocha de la tête en même temps, croquant dans le hamburger après avoir lancé un 'merci' sympathique.

"Vous êtes.. Frères et soeurs tous les deux ?" dit-elle en indiquant Béatrice et Gaël.
En tous cas vous en avez l'air..

Entre deux bouchées, elle envoya un texto à son père : "C'est bon, je vais prendre le bus. Merci quand même -_- "

Elle restait mine de rien persuadée qu'ils étaient des Neeroo.. Il fallait qu'elle tente. Après un raclement de gorge, elle lança :
"Vous êtes.. Des Neeroo ?"
Il fallait qu'ils en soient.. Sinon elle passerait pour une folle..