Course

C'est par un froid matin de septembre que le premier cours de sport a lieu. Le jeune Balphom avait hâte de se mesurer à ses camarades de classe car la vitesse et l'agilité étaient ses deux points forts. Il voulait bien entendu se mesurer plus particulièrement aux Sodell qui le considérait lui comme un avorton. Il n'avait pas de gros muscles mais il faisait des miracles aux 110 mètres haies.

Lentement, tout le monde s'échauffait autour de la piste et Edward démarra tranquillement en queue de peloton. Il observait tous les fiers à bras qui bombaient le torse à l'avant, devant un parterre de filles béates d'admiration. Il attendait son heure tranquillement :

"Allez petits bouffons, vous allez voir qui va vous mettre votre race dans quelques minutes"

Edward prit un malin plaisir d'arriver dernier de ce tour de chauffe. Les autres l'ignoraient platement. Edward ne suscitait même plus de railleries mais une indifférence froide, ce qui était pire à ses yeux ...

"Mon heure de gloire m'attend"

Héloïse s’échauffait tranquillement dans son coin. Pour le moment, c’était aux garçons de faire leur tour de piste préparatoire, et c’était toujours un moment propice aux gloussements divers et variés des gallinacés de la classe, ce qui lui donnait en général de furieuses envies de mordre. Elle avait traîné Velhina avec elle pour lui permettre de faire un échauffement plus poussé… et aussi parce que l’autre jeune fille était plutôt sympa, ça, il fallait bien l’admettre. Si on faisait abstraction de sa nervosité un peu crispante, bien sûr. Mais bon… Tout le monde ne peut pas être parfait.

Quelque chose lui fit dresser l’oreille. Au chœur des rires gloussants se mêlaient des moqueries mesquines. Tiens donc… Les poulardes du coin avaient trouvé un malheureux à becqueter ? Curieuse, la renarde cessa ses mouvements pour se placer en bord de piste et observer celui désigné par les rires des autres filles. Quelque chose frappa immédiatement son regard : le gars en question… On aurait dit qu’il faisait exprès d’être nul. Ça ressemblait furieusement à une attrape, son truc. Héloïse eut un sourire tordu. Qu’est ce qu’il préparait, ce type ?

- ‘Hina ? Tu peux venir voir un truc ? J’ai besoin d’une confirmation : tu le trouves pas bizarre, ce gus ?

WAHOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU aujourd’hui sport de course… Velhina n’aimait rien d’autre que ça, elle allait enfin pouvoir quelque chose qu’elle aimait à lycée. Heloïse l’avait trainé avec elle pour s’échauffer. Velhina est complètement distraite quand elle est dehors, elle pourrait écouter le vent des heures sans qu’elle se rende compte de l’heure. Les garçons avaient déjà commencé leur tour de chauffe. Ils courraient vite mais Velhina était sur qu’elle les battrait tous. De toute façon le vent était avec elle. Elle regarda Heloïse qui s’échauffait, il lui fît signe de venir et lui dit : « Hina ? Tu peux venir voir un truc ? J’ai besoin d’une confirmation : tu le trouves pas bizarre, ce gus ? »

Elle détourna son regard vers la piste où elle vu un jeune homme qui à la place de courir ne faisait qu’une sorte de footing. Il n’avait pas l’air de vraiment vouloir gagner. Velhina se dit que lui ne ferait jamais le poids contre. Elle se retourna vers Heloïse et lui répondit : « Il est lent j’espère que je vais pouvoir courir contre lui. Enfin ca à l’air bizarre, on verra bien pendant la course des garçons. Il est bizarre tu le trouve comment ? »

Héloïse ne quittait pas le jeune homme des yeux. Elle fronça le nez, et huma l'air. Il n'émanait pas de lui l'odeur habituelle des jeunes mâles humains de leur âge, pour lesquels perdre à la course de manière si humiliante était un vrai cauchemar. Non. D'ailleurs... Il n'émanait de lui presque aucune odeur, hormis celle du cuir de ses baskets. De plus, il lui semblait que ce garçon, bien que n'étant pas d'une carrure énorme, était plus que convenablement musclé. Il aurait donc dû être au moins plus en avant dans le classement.
Donc... Il y avait entourloupe.

Elle eut un sourire mauvais, et se pencha vers une des idiotes gloussantes à ses côtés, la saisissant par le poignet.

- Tu prends toujours les paris sur les résultats des courses des types ? Je voudrais mettre des sous sur l'un d'eux... Maintenant.